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Artistes / Brigitte Fontaine

Brigitte Fontaine (née le 24 juin 1939 à Morlaix) est une auteur-compositeur-interprète, comédienne, dramaturge et écrivain française.

Fille d'instituteurs, Brigitte Fontaine développe très tôt son goût pour l'écriture et la comédie. Son enfance, qu'elle déclare globalement heureuse, se déroule à Plouyé, une petite commune du Finistère, puis à Morlaix. Son bac littéraire en poche, elle se rend à Paris à 17 ans, pour devenir comédienne. Elle joue notamment au Théâtre de la Huchette dans La Cantatrice chauve d'Eugène Ionesco.

En 1963, elle se tourne vers la chanson et se produit dans plusieurs salles parisiennes en interprétant ses propres textes. Dès 1964, elle fait la première partie de Barbara et Georges Brassens à Bobino. Elle ne renonce pas pour autant à la comédie. Avec Jacques Higelin et Rufus, à La Vieille-Grille, puis au Théâtre des Champs-Élysées, elle crée la pièce Maman j'ai peur, qui obtient un succès critique et public si important qu'elle reste plus de deux saisons à l'affiche à Paris et donne lieu à une tournée européenne.

En 1965, puis en 1968, elle fait paraître deux albums de facture jazzy (Chansons décadentes et fantasmagoriques) puis pop (Brigitte Fontaine est… folle !), ainsi que deux 45 tours avec Jacques Higelin, dont le plus célèbre contient Cet enfant que je t'avais fait1.
Elle entame en 1969 une longue collaboration avec le musicien Areski Belkacem. Avec ce dernier et Jacques Higelin, elle imagine pour la scène du Lucernaire Niok, un spectacle novateur, entre théâtre et chanson. Bientôt, Brigitte Fontaine écrit une série de textes en vers libres et en prose qui composent le show Comme à la radio, présenté au théâtre du Vieux-Colombier avant de devenir un disque. Enregistré avec l'Art Ensemble of Chicago, cet album marque une franche rupture avec la chanson française traditionnelle, en jetant les premiers ponts de la world-music. Sorti quelques mois avant ce disque, le 45-tours Lettre à monsieur le chef de gare de La Tour de Carol a par ailleurs été le premier titre français diffusé dans le Pop club radiophonique de José Artur, contribuant au succès de l'album - qui reçoit l'année suivante le prix Charles Cros.

Brigitte Fontaine devient alors une figure incontournable de l'underground français2. En une demi-douzaine d'albums publiés pour la plupart par le label indépendant Saravah, Brigitte Fontaine explore, sans se soucier des hit-parades, différents mondes poétiques. Renonçant aux rimes, usant parfois du talk-over, elle enregistre alors, avec très peu de moyens et souvent sur deux pistes, des chansons qui abordent avec humour ou gravité, selon l'humeur, des thèmes aussi divers que la mort ("Dommage que tu sois mort"), la vie ("L'été, l'été"), l'aliénation ("Comme à la radio", "Où vas-tu petit garçon"), la folie ("Ragilia"), l'amour ("Je t'aimerai") ou encore l'injustice sociale ("C'est normal"), l'inégalité des sexes ("Patriarcat"), l'idéologie et le crime ("Le 6 septembre"), le faux engagement politique ("L'Auberge (Révolution)"), le racisme ("Y'a du lard"), voire elle-même et son compagnon ("Brigitte", "La harpe jaune", "Nous avons tant parlé")... Le couple construit une œuvre foisonnante et cohérente à la fois, à l'écart des programmateurs de radio et de télévision, dans une liberté totale - sauf cas de censure, mentionnés par Benoît Mouchart dans sa monographie de Fontaine.
Parce qu'ils voguent entre pop, folk, électro et world music, les albums L'incendie et Vous et nous par exemple, du tandem Areski-Fontaine, figurent parmi les disques les plus inclassables de la scène française. Près de trente ans plus tard, l'audience internationale de ces 33-tours (réédités depuis en CD) est comparable au disque-culte de Serge Gainsbourg et Jean-Claude Vannier, Histoire de Melody Nelson, notamment grâce aux propos enthousiastes que tiendront à leur sujet dans la presse anglo-saxonne les membres du groupe Sonic Youth. Mais ils ne sont pas encore parvenus aux oreilles du grand public francophone, pour qui le travail de Brigitte Fontaine reste beaucoup moins connu que ses prestations médiatiques.
Les prestations scéniques de Brigitte Fontaine et Areski Belkacem ne sont pas à cette époque des tours de chant traditionnels : mêlant improvisation théâtrale et chansons, ses performances s'inscrivent davantage dans le genre du "happening" que dans celui du concert au sens propre. Les instrumentations sont d'ailleurs réduites à leur plus simple expression, les artistes n'hésitant pas à chanter a capella lorsqu'ils ne s'accompagnent pas eux-mêmes à la guitare, aux percussions, au mélodica ou à l'acordéon. De 1973 à 1979, ils seront seuls en scène, sans être soutenus par un orchestre. Ils se produisent alors principalement en province, mais aussi dans toute la francophonie et en Algérie. Ils donnent également de nombreux spectacles dans des prisons et des hôpitaux pyschiatriques.

Les années 1980 sont pour Brigitte Fontaine et son époux Areski Belkacem une période de silence discographique. Loin des studios d'enregistrement, Fontaine se consacre alors à l'écriture et au théâtre. Toujours active, elle se produit sur scène au Québec, joue sa pièce Acte 2 dans une grande tournée à travers la francophonie, interprète Les Bonnes de Jean Genet à Paris, publie un roman (Paso doble) ainsi qu'un recueil de nouvelles (« Nouvelles de l'exil »). En 1984, elle enregistre un 45-tours (« Les filles d'aujourd'hui »), qui n'est presque pas diffusé à la radio mais qui lui permet de participer à l'émission « L'Académie des neuf », où elle pétrifie l'animateur par son sens du burlesque et de la dérision.
Après avoir donné en 1988 une série de concerts à Tokyo et dans les plus grandes villes de l'archipel nippon, il lui faut attendre près de cinq ans pour qu'une compagnie française distribue son nouvel album French corazon (écrit et composé dès 1984 mais sorti en 1988 au Japon, grâce au soutien de la journaliste Reiko Kidachi). Diffusé notamment sur M6, le clip du pataphysique Nougat, réalisé par la dessinatrice de bande dessinée Olivia Clavel, prépare le public au grand retour de la chanteuse sur les scènes françaises qui démarre par un concert événementiel en 1993, au Bataclan.

Dans la décennie des années 1990, Brigitte Fontaine se rapproche des univers de Björk et Massive Attack en expérimentant de nouvelles formes musicales, plus électriques et, surtout, plus électroniques qu'auparavant. Ses textes marquent quant à eux un retour vers une forme versifiée plus classique. La parution de l'album Genre humain, en 1995, rencontre un beau succès, tant auprès de la critique que du grand public, avec des titres surprenants et drôles comme Conne (produit par Étienne Daho et Arnold Turboust), lyriques comme La Femme à barbe (produit par les Valentins) ou poétiques comme Il se mêle à tout ça (produit par Yann Cortella et Areski Belkacem)... Elle coécrit la même année le single Jungle Pulse interprété par Étienne Daho sur le disque Reserection. Ses prestations au Bataclan et au Café de la danse sont particulièrement cérémonielles : ses spectacles s'ouvrent ainsi toujours avec La Femme à barbe , que l'artiste interprète le visage dissimulé sous un long voile. Piégée par Raphaël Mezrahi qui réalise alors une série d'interviews-canulars, elle fait une apparition remarquée sur TF1 et commence à devenir un personnage médiatique, prisé pour son sens de la répartie inattendue et sa singularité vestimentaire et physique. C'est à cette même époque que la chanteuse décide de se raser le crâne.
En 1997, alors qu'elle publie un nouveau roman (La Limonade bleue), elle enregistre Les Palaces et son titre-phare Ah que la vie est belle !. L'album, très bien accueilli par la presse, est enrichi par les collaborations d'Areski Belkacem, du grand-frère de cœur Jacques Higelin et d'un nouveau complice de jeu : Alain Bashung. La production de cet album est assurée encore une fois par le tandem Cortella/Belkacem. Surtout, les chansons révèlent une inspiration renouvelée, moins abstraite et néanmoins tout autant poétique.

Disques d'or, ses albums Kékéland (2001) et Rue Saint Louis en l'île (2004) ont bénéficié de collaborations prestigieuses (Noir Désir, Sonic Youth, Archie Shepp, -M-, Gotan Project, Zebda, etc.). Depuis 2001, Brigitte Fontaine est en tournée dans toute la France (avec des escales en Belgique, en Suisse et même à Londres et Barcelone), accompagnée sur scène des mêmes musiciens (le bassiste Bobby Jocky, le guitariste Yan Péchin, le pianiste Dondieu Divin, le batteur Patrick Baudin, le violoncelliste Frédéric Deville et bien sûr le percussioniste Areski Belkacem). En 2005, après avoir donné une série de concerts avec ce groupe, mais aussi avec la Compagnie des musiques à ouïr, elle publie chez Flammarion un nouveau roman, La Bête curieuse, dont l'ambiance érotique annonce un peu la tonalité de son quinzième album, Libido (2006). Ce nouveau disque, orchestré par Dondieu Divin, renoue avec l'énergie vivante de ses concerts dans une ambiance très « baroque'n'roll », où sont convoqués Thérèse d'Avila, les soufis, les films hollywoodiens, Melody Nelson, et beaucoup de paradoxes… Seules collaborations pour cet album : Jean-Claude Vannier et -M- qui fait sa troisième apparition dans le fantasque univers de la Reine des Kékés dont les cheveux ont repoussé.
En octobre 2006, Brigitte Fontaine apparaît au Barbican Theater de Londres aux côtés de Jarvis Cocker, Badly Drawn Boy et quelques autres chanteurs anglais, pour la première interprétation en public de la mythique Histoire de Melody Nelson. En janvier 2007, elle se produit sur la scène du Théâtre d'Angoulême avec le dessinateur Blutch à l'occasion du Festival international de la bande dessinée. Le 29 mars de la même année, elle investit l'Olympia, entourée de ses amis Jacno, Arthur H, Christophe, Anaïs, Jacques Higelin, Maya Barsony et Jean-Claude Vannier. En avril, elle joue au Printemps de Bourges et participe, à la Cigale (Paris), à un concert de son admirateur québécois Pierre Lapointe pour une reprise en duo de « La symphonie pastorale » 3. Après avoir donné tout au long du mois de septembre une série de concerts intimes sur une péniche accostée sous le Pont des arts, Brigitte Fontaine reprend sa tournée à travers toute la France. Entre deux concerts, elle entre en studio avec Olivia Ruiz pour enregistrer un single inédit dont elle a écrit les paroles : « Partir ou rester »... En février 2008, elle publie chez Flammarion un nouveau roman (Travellings), tandis que Benoît Mouchart lui consacre une biographie (Brigitte Fontaine, intérieur/extérieur4). En mai de la même année, elle est invitée par Jamel Debbouze au Comedy Club, où elle donne une série de cinq concerts. En janvier 2009, elle participe à la création d'une nouvelle session de concerts de dessins au Festival d'Angoulême : elle inspire le scénario de Dupuy-Berberian, joue le rôle de la conteuse et interprète "Soufi", une chanson inédite spécialement écrite pour l'occasion 5. Quelques jours plus tard, elle donne une performance avec Lee Ranaldo dans le cadre d'une exposition d'art contemporain6.
En février 2009, elle fait paraître aux Editions Belles Lettres-Archimbaud trois recueils de textes : une réédition de L'Inconciliabule (indisponible depuis 1980), Rien (suivi de Colère noire) et Contes de Chats, une suite de nouvelles, de poèmes et d'anecdotes illustrée par Jean-Jacques Sempé. Elle contribue au disque Mister Mystère de -M- par l'écriture de sept textes inédits et la reprise d'un titre créé sur "Libido". Paru en octobre 2009, son disque personnel intitulé Prohibition est réalisé par Ivor Guest et Areski Belkacem, avec la participation de Grace Jones et Philippe Katerine. Pour cet enregistrement, elle reçoit en février 2010 le Prix de l'humour noir du disque. Le 8 mars de cette même année, elle est l'invitée d'honneur du "Printemps des poètes" et interprète plusieurs de ses poèmes en prose sur la scène de l'Opéra comique, où elle partage l'affiche avec l'actrice Dominique Blanc et la chorégraphe Carolyn Carlson. Quelques mois plus tard, elle donne des performances analogues dans le cadre des festivals "Paris en toutes lettres" et "Correspondances de Manosque", puis en tournée à travers la France.
En mars 2011, elle publie trois nouveaux recueils de textes aux Belles-Lettres/Archimbaud, parmi lesquels figure une anthologie de chansons et de poèmes intitulée "Mot pour mot". Le cahier "Livres" du quotidien "Libération" salue cette parution le 31 mars 2011 7 en consacrant deux pages à l'œuvre écrite de Brigitte Fontaine, "une alternance de mélancolie anxieuse et d’enragement social que l’école rangerait sans difficulté au panthéon romantique". Son nouvel album intitulé L'un n'empêche pas l'autre paraît le 23 mai 2011. Le 29 juin 2011, elle chante sur la scène du Bataclan avec Mathieu Chédid, Jacques Higelin, Grace Jones et Areski Belkacem. En juillet 2011, elle tourne dans "Le Grand soir", nouveau film de Benoît Delépine et Gustave Kervern, où elle interprète la mère de Benoît Poelvoorde et Albert Dupontel tandis qu'Areski interprète leur père. Le 30 janvier 2012, Bertrand Cantat rejoint Brigitte Fontaine sur la scène du Trianon8,[réf. insuffisante] pour interpréter en duo "Les Vergers", une chanson de 1975 reprise en duo sur L'un n'empêche pas l'autre, ainsi que le très rock "Bis baby boum boum", un autre duo Fontaine-Cantat extrait de Kékéland, et, lors du rappel, pour "Soufi" (album Prohibition) où il se substitue à Grace Jones9. Sans Fontaine, Cantat reprend "Les Vergers" pendant l’enterrement d’Antigone, dans la pièce Les Femmes, construite à partir de trois tragédies de Sophocle10.
L'audience de Brigitte Fontaine s'est notablement élargie depuis le début des années 2000, et ses apparitions télévisuelles ne sont jamais banales. Humaniste et libertaire, Brigitte Fontaine l'est aussi depuis toujours dans ses engagements, comme lorsqu'elle signe le manifeste des 343 (en 1971 et en 2011), s'exprime (dès 1990) contre les guerres en Irak, soutient les étrangers en situation irrégulière et se prononce contre les prisons.

Films joués par Brigitte Fontaine - 1
Nom Réalisateur(s)Année Note
1 Le grand soir Benoît Delépine, Gustave Kervern 2011 6.75/10
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